Jeudi 23 novembre, 24 organismes impliqués dans la lutte contre la précarité énergétique, la lutte contre l’exclusion et le réchauffement climatique (dont la Fondation Abbé Pierre, le CLER, Soliha, Réseau Action Climat…) appelaient à une grande mobilisation dans le cadre de la Journée contre la précarité énergétique.
Ateliers, portes ouvertes, visites de chantiers, conférences, webinaires… : pour la troisième année et sur tout le territoire, associations, collectivités, syndicats, entreprises ont organisé près de 180 évènements de sensibilisation à destination des professionnels et du grand public partout en France.
Voici quelques informations clés tirées du dossier de presse et de la conférence de presse.
Hausse des factures et restrictions
Dans un contexte de forte hausse des prix de l’énergie, les associations alertent sur l’amplification de de la précarité énergétique. Reprenant les chiffres 2023 du médiateur de l’énergie, Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé-Pierre, a rappelé que 31% des consommateurs ont eu des difficultés pour payer leurs factures d’énergie contre 18% en 2020, et que les jeunes sont particulièrement concernés (55% des 18-34 ans).
L’hiver dernier, 26% des Français ont souffert du froid chez eux (soit 4 points de plus que l’année dernière). Ce taux est plus élevé chez les locataires (35%), les moins de 35 ans (42%) et les employés (35%). 42% l’expliquent par la nécessité de limiter le chauffage pour des raisons financières, 34% par la mauvaise isolation. En 2023, 79% des consommateurs ont restreint le chauffage pour ne pas avoir de factures trop élevées (soit 10 points de plus qu’en 2022, et 26 de plus qu’en 2020).
La hausse des prix de l’énergie, et donc des factures d’électricité ou de gaz, explique l’amplification du phénomène de précarité énergétique. En 2023, 73 % des Français ont constaté une hausse de leur facture contre 57 % en 2022. Cela peut s’expliquer par l’extinction progressive des boucliers tarifaires et l’absence de chèques énergie exceptionnels cette année. Les mesures d’urgence prises pendant la crise énergétique n’ont pas empêché les factures d’énergie pour le logement de bondir de 310 € en moyenne entre 2019 et 2022, ont pointé les associations, pour une facture moyenne s’élevant à 1 912€ par an en France (hausse de près de 20% depuis 2019).
Pour un élargissement et une augmentation du chèque énergie
« Nous demandons un élargissement du chèque énergie pour toucher des ménages qui n’en sont pas bénéficiaires aujourd’hui mais qui souffrent de ces difficultés à pouvoir se chauffer convenablement, et un triplement du montant du chèque énergie« , a déclaré Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre. D’un montant moyen de 148 euros par an, ce chèque est réservé aux ménages percevant moins de 11000 € par an. En 2023, le chèque énergie a été adressé à 5,6 millions de ménages, avec un taux de non recours de 17 %.
Pour la fin des coupures d’énergie
Les organisateurs réclament également la fin des coupures d’énergie pour les ménages faisant face à des impayés. En 2022, 863 000 ménages ont subi des interventions de leur fournisseur en 2022 (réduction de puissance ou coupure), se retrouvant dans l’incapacité de se servir de leurs appareils électroménagers, voire de se chauffer. Les associations appellent donc à interdire les coupures d’énergie et de les remplacer par des réductions de puissance comme cela est déjà expérimenté avec EDF.
Une dynamique de rénovation en progression mais insuffisante
Pour les associations, la lutte contre la précarité énergétique passe aussi par la massification des rénovations globales. Si plus de 670 000 logements ont été rénovés grâce aux aides de MaPrimeRénov’ en 2022, les rénovations globales représentent moins de 10% des dossiers.
La réforme des aides à la rénovation annoncée par le gouvernement pour 2024 a pour objectif de faire passer les rénovations globales de 66 000 actuellement à 200 000 l’an prochain. Grâce à la hausse prévue du taux d’aide à la rénovation, le reste à charge, considéré comme le principal frein au déclenchement des travaux pour les ménages, devrait baisser significativement (pour en savoir plus, consultez notre article).
Points de vigilance
Tout en se réjouissant de ces évolutions prévues pour 2024, les organisateurs de la Journée contre la précarité énergétique soulèvent plusieurs points de vigilance :
- la définition de la rénovation performante et globale dans ces objectifs et la conformité des critères à la loi afin que les rénovations permettent de réelles baisses des consommations et des dépenses énergétiques
- le financement suffisant du service public France Rénov’ et de l’accompagnement des ménages
- le montant du budget, les financements supplémentaires d’1,6 milliard en 2024 devant permettre d’atteindre ces objectifs.
Garder le cap sur l’interdiction de location des passoires thermiques
Les organisateurs appellent à garder le cap sur la fin de la location des passoires thermiques en rappelant que ce dispositif reste nécessaire pour protéger les locataires en précarité énergétique et dépasser l’écueil des propriétaires bailleurs n’ayant pas d’intérêt personnel à rénover. Il doit, d’après eux, faire l’objet d’une concertation de manière à ce que personne ne soit lésé, notamment les bailleurs modestes qui représentent une faible part des propriétaires mais dont la situation nécessite tout de même des adaptations.
>> Pour en savoir plus, revisionnez la conférence de presse, ou consultez le dossier de presse :