L’étude « Qui sont les ménages en précarité énergétique dans les Départements d’Outre-Mer ? » s’intègre dans une série de 4 études thématiques[1], dont l’objectif est de mieux caractériser les ménages en situation de précarité énergétique, du point de vue socio-économique, et en lien avec le logement qu’ils habitent.
La présente étude concerne quatre territoires d’Outre-Mer jusqu’ici peu étudiés et renseignés sur le thème de la précarité énergétique : la Guadeloupe, la Réunion et Mayotte (Départements et Régions d’Outre-Mer), la Guyane et la Martinique (collectivités territoriales uniques). Elle propose tout d’abord un aperçu global du sujet de la précarité énergétique dans ces territoires :
- En moyenne, 14,8% des ménages des territoires ultra-marins sont considérés en précarité énergétique, avec des disparités entre chaque territoire : de 9,7% (Martinique) à 34% (Mayotte). Ce taux moyen inférieur au taux métropolitain (19%) s’explique par l’effet limitant combiné du climat (qui supprime quasiment les besoins de chauffage), des différences de modes de vie et des restrictions.
- Et ce malgré l’effet opposé lié à des revenus globalement inférieurs à ceux de la Métropole : entre 3 728 €/ et 10 130 € par habitant par an contre 15 372 € par habitant par an sur la France entière en 2006).
Si il est possible de manier les mêmes indicateurs de précarité énergétique que pour la Métropole (Taux d’effort énergétique > 8%, froid ressenti, BRDE), l’étude interroge leur pertinence, et la notion-même de précarité énergétique, au regard des spécificités des territoires étudiés :
- En termes de contexte climatique : « le climat rend inutile l’usage de chauffage dans la grande majorité des cas, ce qui a pour effet de réduire le taux d’effort énergétique moyen des ménages lié au logement, et de rendre inopérante l’utilité des indicateurs « froid » et « BRDE ».
- En termes de parc bâti : « Le parc bâti présente […] une grande diversité allant d’habitat précaire, parfois non desservi en électricité, à des logements respectant la réglementation thermique de 2010. » Cette spécificité interroge certaines dimensions de la caractérisation de la précarité énergétique comme par exemple la notion de décence du logement qui est très différente dans les TOM (avec certains équipements qui n’apparaissent pas comme indispensables au confort comme la production d’eau chaude sanitaire).
- En termes de contextes économiques et sociaux : « Le contexte social des territoires ultra-marins est marqué par des situations de précarité plus fréquente qu’en métropole […] Si le taux d’effort énergétique moyen lié au logement est plus faible qu’en métropole, les dépenses d’énergie peuvent s’avérer difficile à assumer pour des ménages précaires. Ces dépenses s’ajoutent à des dépenses contraintes relativement plus importantes qu’en métropole, telle que la mobilité ou les dépenses en eau. »
- En termes d’usages de l’énergie et de pratiques des ménages : « les appareils de froid domestique sont possédés par une majorité de la population et peuvent représenter des dépenses très importantes pour les ménages aux bas revenus (jusqu’à 50% des dépenses d’électricité par exemple en Guadeloupe) […] Ce constat laisse supposer que les dépenses pour le froid domestique pourraient être un moyen de repérer ou de caractériser la précarité énergétique dans les territoires ultra-marins.» Les modes de vie dans ces territoires entraînent par ailleurs une perception du confort différente et donc des usages spécifiques de l’énergie par les ménages potentiellement en situation de précarité énergétique.
Ces spécificités rendent ainsi plus complexes la définition de la précarité énergétique dans les territoires ultra-marins et interroge la notion même de « besoins élémentaires » inscrite dans la définition de la précarité énergétique de la loi Grenelle 2 [2] (qui se rattache usuellement aux besoins en chauffage des populations) et impliqueraient des indicateurs d’évaluation et de suivi différents.
Rapport
Synthèse
Qui sont les ménages en précarité énergétique dans les Départements d’Outre-Mer ?
[1] « Est considérée en précarité énergétique toute personne qui éprouve des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires, en raison notamment de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat ».
[2] Les 3 autres études concernent : Les locataires du parc privé en métropole, Les locataires du parc social en métropole, Les locataires et propriétaires des appartements en immeubles collectifs en métropole.