Quand la vulnérabilité autorise l’exploitation : l’arnaque, une pratique ordinaire en copropriétés dégradées
Dans cet article Johanna Lees, docteure en anthropologie, s’intéresse aux pratiques « d’arnaques ordinaires » menées à l’encontre des habitants des copropriétés dégradées des grands ensembles marseillais.
Elle pointe ainsi les pratiques abusives de certains bailleurs, syndic de copropriétés ou fournisseurs d’énergie qui profitent de la vulnérabilité sociale, économique, linguistique et résidentielle des habitants. Caution non remboursée lors de la sortie des lieux, doublement du prix du loyer, état des lieux et quittance inexistants, démarchage au porte-à-porte de fournisseurs d’énergie peu scrupuleux…le portrait qu’elle dresse de ces copropriétés (très) dégradées (humides, sans chauffage, sans électricité, avec des huisseries défaillantes, sans ascenseur) fait froid dans le dos.
En revenant sur la genèse de la formation de ces copropriétés construites dans les années 1960 par le biais de prêt Logecos, elle montre comment ces biens immobiliers se sont inscrits dès le départ dans une logique spéculative favorisant le processus de détérioration de la copropriété et devenant un lieu propice pour loger à prix fort des indésirables du marché locatif ordinaire.
Se faisant le relais des habitants et des intervenants sociaux qu’elle a enquêtés, elle interroge la responsabilité des politiques du logement car financer indirectement ces bailleurs qui, certes, peuvent être malveillants, c’est, dans le même temps, permettre à une certaine offre locative d’exister (…) permettre de (mal) loger des familles qui n’ont pas accès au logement social ou au secteur privé décent.
*Johanna Lees a publié une thèse de doctorat en sociologie intitulée Ethnographier la précarité énergétique : au-delà de l’action publique des mises à l’épreuve de l’habiter, 2014, EHESS/Marseille
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