Un tiers des ménages en France habite dans des copropriétés. Ce parc de logement, qui regroupe 740 000 immeubles et sept millions de résidences principales, est occupé à hauteur de 18% par des ménages en précarité énergétique selon l’Observatoire national de la précarité énergétique, et demeure peu actif en ce qui concerne les travaux.
Au-delà des incitations économiques et contraintes légales, le déclenchement de ces rénovations se heurte à un déficit général de culture de la rénovation énergétique chez les acteurs de la copropriété, syndics et copropriétaires. Pour tenter d’y remédier, quatre programmes d’accompagnement visant à sensibiliser et former les copropriétaires et syndics aux économies d’énergie ont été financé à partir de 2018 par les Certificat d’économies d’énergie : Engager la Transition énergétique dans l’Habitat Collectif de l’Anah, Les Copro Vertes de la FNAIM, RECIF de la SEM Île-de-France Énergies et la Copro des Possibles d’Oxalis.
Arrivés à leur terme fin 2021, leur bilan permet de tirer quelques enseignements au sujet de la mobilisation des acteurs du secteur en matière de rénovation énergétique qui peuvent venir nourrir la réflexion des territoires concernés par le sujet.
Par qui ces programmes ont-ils été mis en œuvre sur le terrain ?
Une diversité d’acteurs (bureaux d’études, opérateurs habitat, Agences locales de l’énergie, délégataires CEE, etc.) a montré une vraie appétence pour une meilleure gestion des aspects humains en copropriété. Toutefois, la mobilisation des structures publiques s’est globalement trouvée limitée du fait de réticences à coopérer avec un acteur identifié comme privé, le risque de doublon avec des missions déjà financées dans le cadre du service public de la performance énergétique de l’habitat ou encore de la confusion induite par la multiplication des programmes CEE s’adressant aux mêmes cibles.
Comment éveiller l’intérêt des copropriétaires ?
Si les actions de marketing direct visant les copropriétaires ont été un échec, la stratégie gagnante pour capter les copropriétaires repose :
- Sur la proximité via des intermédiaires (antennes locales de l’Association des Responsables de Copropriétés, ALEC, collectivités, syndics et opérateurs habitat disposant tous d’un carnet d’adresses de copropriétaires et d’un capital de confiance), de l’événementiel (mini-salon avec stands, témoignages, et animation de temps d’échanges)
- Ou des actions proposant un pas de côté vis-à-vis de la rénovation énergétique dans l’espoir d’accrocher un plus large public de copropriétaires en travaillant sur leur pouvoir d’action collectif : formation sur le traitement des problèmes quotidiens en copropriété ou des ateliers participatifs.
Et les syndics, comment les toucher ?
Les programmes CEE intègrent également des actions de formation des syndics, dont la mise en œuvre s’en trouve facilitée dans le cadre de partenariats avec les grands groupes d’agences immobilières (type FNAIM), permettant d’éviter de se confronter, localement, à une faible réceptivité des
agences immobilières. Par ailleurs, l’emploi de pédagogie participative lors de ces formations produit un changement de posture des participants sur la rénovation énergétique comme accompagnateur de projet.
Quels outils ont été utilisés ?
Les programmes ont fait émerger de nouveaux outils de vulgarisation et d’expertise : jeu de type Trivial Poursuit, jeu de rôle autour d’une AG fictive avec des profils types de copropriétaires (ex. « le râleur », « le militant »…), frise schématisant les étapes d’une rénovation et un « qui fait quoi ? », guide pratique sur la mise au vote de travaux de rénovation énergétique, un MOOC
Réno Copro, etc.
Quelles retombées et perspectives pour ces programmes ?
Plusieurs bénéfices qualitatifs de ces programmes ont été retirés, à savoir les changements chez les acteurs :
- Des copropriétaires qui comprennent mieux le rôle des acteurs dans la rénovation et qui se disent prêts à recourir à une AMO ;
- Des syndics qui deviennent promoteurs de la rénovation énergétique et savent vers qui orienter leurs clients ;
- Des intervenants qui réinvestissent les apprentissages du programme dans leurs accompagnements quotidiens ;
- Des collectivités qui initient ou amplifient leurs actions sur les copropriétés.
Quels enseignements pour les territoires ?
L’expérience des programmes a fait apparaître deux choses :
- Le besoin d’engager les petites et moyennes villes sur la problématique des copropriétés, historiquement moins avancées que les grandes villes et métropoles ;
- Et l’importance que les copropriétés deviennent de vrais interlocuteurs des collectivités dans la mesure où, au-delà de la rénovation énergétique, elles sont concernées par des enjeux aussi bien de politiques publiques, urbains, écologiques ou sociaux.
Pour en savoir plus, consulter la brève thématique du CeDRe Auvergne-Rhône-Alpes :
Consulter également le Focus n°23 du RAPPEL « Agir contre la précarité énergétique en copropriété, un défi à relever ! »