Le diagnostic de performance énergétique des logements (DPE) est devenu un outil clé de l’orientation des politiques publiques énergétiques et climatiques. L’étiquette énergie propose cependant une consommation d’énergie théorique, qui peut différer de la consommation réelle du fait des ajustements de comportements. Le Conseil d’Analyse économique a donc voulu répondre à une question : Que sait-on de l’ampleur de cet écart ?
Afin d’éclairer cette différence entre consommation théorique calculée par le DPE et consommation réelle, le Conseil d’analyse économique (CAE) a voulu étudier ce qui relevait de l’ajustement comportemental des consommateurs – l’effet rebond – ou d’un manque éventuel de fiabilité du modèle sous-jacent au DPE. En croisant les données bancaires anonymisées de 178 110 ménages clients du Crédit Mutuel à la base de données publique sur les DPE. Ce « Focus » répond à plusieurs interrogations : Les ménages dévient-ils de leur consommation théorique et adaptent-ils leur consommation en fonction du confort énergétique de leur logement ? Les économies d’énergie liées à la performance se traduisent-elles dans leur dépense ?
L’étude confirme la relation croissante entre dépense, consommation énergétique et classe de performance, bien qu’elle soit beaucoup moins forte que celle prédite par le DPE et s’estompe pour les plus grands logements. Globalement, la différence de consommation d’énergie au m2 entre un logement performant (AB) et un logement classé G est six fois plus faible que celle prédite par le DPE. Les effets comportementaux des ménages jouent une part prépondérante (les deux tiers) pour expliquer l’écart entre consommation prédite par le DPE et consommation réelle, mais ne l’expliquent pas entièrement, ce qui laisse penser que le modèle actuel du DPE est un prédicteur encore perfectible de la consommation théorique.
De manière plus précise, voici quelques fait qui ressortent nettement de l’étude :
- Les usagers adaptent leur comportement en fonction du prix du confort énergétique et donc de la performance du logement, cet effet rebond explique une large partie des écarts observés.
- Les usagers adaptent également leur comportement en fonction de leurs caractéristiques sociodémographiques et notamment de leurs revenus. Ainsi la consommation des ménages dépend autant des revenus que de l’étiquette DPE.
- Le DPE tend à surestimer la performance théorique à partir de la classe D, et cela va en s’accentuant à mesure que la performance énergétique du logement se dégrade (la surestimation dépassant un facteur 2 pour les logements G). La performance théorique des logements AB est, elle, sous-estimée.
- Plus la superficie du logement est importante, plus la surestimation de la performance s’accroît et plus la progressivité prévue par le DPE disparaît. A contrario, la performance énergétique des petits logements apparaît mieux estimée par le DPE. La consommation au m² étant nettement décroissante avec la superficie, l’application d’une échelle unique à tous les logements devrait mieux prendre en compte cette caractéristique.
En termes de politiques publiques, le CAE conclue que les résultats conduisent à chercher des pistes d’amélioration du modèle du DPE et à encourager les efforts de sobriété énergétique parallèlement à la rénovation énergétique des logements car les ajustements comportementaux des ménages peuvent conduire à limiter les gains espérés.