L’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire) a publié les résultats de son expertise relative aux moisissures dans les bâtiments, qui constituent un enjeu fort de santé publique en raison de leurs effets avérés sur la santé respiratoire, de la part importante de logements concernés et de l’identification de groupes de population davantage susceptibles de développer des pathologies lorsqu’ils y sont exposés.
Dans ses conclusions, l’Agence recommande de prévenir le développement des moisissures dans le bâti, d’une part, en renforçant la coordination entre les acteurs des secteurs concernés (construction, énergie, etc.) ainsi qu’entre les autorités et acteurs publics et, d’autre part, en améliorant l’information des occupants des logements. L’Agence recommande également de prévenir les conséquences sanitaires, notamment pour les populations les plus sensibles, par une évolution de la réglementation prenant mieux en compte le risque lié à l’exposition aux moisissures dans les logements.
Cette expertise reprend notamment trois études identifiées sur le confort thermique et la précarité énergétique qui indiquent un lien entre cette dernière et la présence de moisissures dans le logement.
En dehors des individus présentant une sensibilité proprement dite vis-à-vis d’une exposition aux aérobiocontaminants fongiques, les ménages en précarité énergétique sont fortement exposés à la présence de moisissures dans le logement.
Par ailleurs, les statuts et conditions d’occupation (familles monoparentales aux revenus les plus faibles, locataires de leur logement), et en particulier la sur-occupation d’un logement apparaissent comme des déterminants majeurs.
L’interaction entre les conditions techniques du logement et les caractéristiques du ménage qui l’occupe conduit dans certaines situations à un taux d’hygrométrie à l’intérieur du logement qui favorise le développement des moisissures.
Enfin, la situation géographique des logements est un déterminant également évoqué dans certains articles scientifiques (les régions de l’ouest de la France, soumises à de fortes précipitations, seraient davantage touchées ; ainsi que les régions enregistrant un nombre significatif de jours avec des températures inférieures à – 5°C).
Pour faire face aux moisissures dans le logement, les ménages mettent en place différentes stratégies qui occupent un temps important dans le quotidien des ménages : nettoyage des moisissures, travaux de bricolage pour lutter contre les effets de l’humidité, renouvellement du matériel dégradé par les effets de l’humidité (objets, vêtements) qui conduit les familles à des frais supplémentaires parfois importants. Enfin, l’usage même du logement peut-être modifié, certaines pièces, trop atteintes par la dégradation du logement étant condamnées, conduisant à une suroccupation. Le sentiment de honte associé à la vie dans un logement dégradé conduit les personnes à un repli sur soi et à la rupture des liens sociaux.
Cet étude dresse un état de l’art en matière d’habitat dégradé et montre le lien fort entre inégalités sociales de santé et mauvaises conditions de logement.
Consulter le rapport de l’Anses :