Décryptage des acteurs de la rénovation énergétique
Si la rénovation énergétique est devenue depuis plus d’une décennie, une priorité politique affichée, « force est de constater que le vœu de ‘massification des rénovations énergétiques performantes’ ne s’est pas encore réalisé« . Partant de ce postulat, et dans le cadre des contributions Leroy Merlin Source, Gaëtan Brisepierre, docteur en sociologie, propose de décrypter le panorama des acteurs qui interviennent dans le secteur de la rénovation énergétique et de « démontrer que le problème de l’adhésion à la rénovation énergétique se situe aussi du côté des professionnels » (et pas que du côté des consommateurs).
Il s’agit de faire évoluer la vision actuelle des politiques publiques concernant les groupes d’acteurs concernés par la rénovation énergétique. « Ils sont qualifiés de « filière », ce qui sous-entend une coordination, voire une intégration, des acteurs autour de cet objectif, ce qui n’est pas le cas« , souligne l’auteur. C’est d’un système composé d’une multitude d’acteurs dispersés, pas toujours habitués à coopérer et qui ne sont pas organisés autour d’un marché unifié. Cette contribution, « qui relève d’une expertise engagée plus que d’une approche strictement scientifique« , a pour ambition de « susciter le débat en pointant des problèmes non résolus pour ces acteurs, mais aussi les opportunités qui se dessinent. »
Les 8 groupes « analysés » sont les acteurs :
- de la maîtrise d’œuvre (architectes, bureaux d’études),
- de la mise en oeuvre (artisans et entreprises),
- de la distribution (grossistes, grandes surfaces),
- de l’énergie (fournisseurs, sociétés de services énergétiques),
- du financement (banques),
- de l’immobilier (syndics de copropriétés, agences immobilières, notaires),
- publics (ministères, agences publiques, collectivités locales),
- de l’information (structures associatives).
Pour chacun de ces groupes, Gaëtan Brisepierre propose un aperçu synthétique du positionnement de chaque acteur en matière de rénovation énergétique performante et détaille les intérêts, limites et freins.
En guise de conclusion, deux propositions sont formulées à destination des pouvoirs publics :
- Plutôt que d’affirmer des objectifs intenables niant les difficultés, il est proposé d’adopter une posture compréhensive pour chercher à mieux intégrer les réalités plurielles et les contraintes spécifiques à chaque acteur dans la conception des politiques publiques ;
- D’autre part, il est souligné tout l’intérêt du partenariat comme levier d’innovation (que ce soit entre acteurs privés, public-privé, à l’échelle locale comme nationale) et proposé que les pouvoirs publics encouragent de nouvelles associations d’acteurs trouvant une convergence autour de la rénovation énergétique.
Enfin, l’auteur souligne l’importance d’inscrire ces propositions dans le cadre d’une évolution réglementaire en matière d’obligation de travaux et ce sur le long terme.