Pratiques d' "aller-vers", "pair-aidance", dynamique d'acteurs et développement du pouvoir d'agir
Le Haut Conseil du travail social (HCTS) publie un rapport sur les « pratiques émergentes du travail social et du développement social » basé sur une vaste enquête par questionnaire auprès des professionnels du travail social. À partir des remontées de terrain, quatre thématiques sont développées : les conférences familiales, les pratiques encourageant l’ « aller-vers », la « pair aidance » et les modes de coordination/intervention pluridisciplinaires. La crise sanitaire a servi à la fois de révélateur et d’accélérateur dans l’évolution des pratiques.
La notion de « pratiques émergentes » s’entend comme créant une rupture avec l’existant, répondant à des questions et problématiques sociales ou éducatives nouvelles et s’appuyant sur une construction sur le terrain, souvent interinstitutionnelle.
Parmi ces pratiques, « l’aller-vers » est en plein développement. « Déclinées sous différentes formes : maraude, équipe mobile, visite à domicile, action hors-les-murs, action sociale de proximité, travail social de rue, permanence délocalisée…, les démarches d’aller-vers sont hétérogènes et de nature différente selon leur caractère plus ou moins formalisé« .
L’élément central de cette démarche « pourrait être le changement du rapport entre l’intervenant et le public ciblé : c’est l’intervenant qui recherche et provoque la rencontre, qui initie la relation, et se déplace là où se trouve le public. Le déplacement peut être physique mais aussi virtuel (la personne peut être contactée par mail, téléphone… alors qu’elle n’a formulé aucune demande)« . La démarche repose sur une dimension relationnelle importante et comprend aussi une dimension éthique. Elle est par ailleurs un des axes prioritaires du plan national de formation des travailleurs sociaux. Cette démarche est également illustrée par quatre fiches illustrant des démarches proactives.
Autre pratique analysée, la « pair aidance » qui consiste à rechercher le soutien de ses pairs. Elle suppose « une reconnaissance réciproque de soi dans l’expérience de l’autre » et repose également sur « une proximité expérientielle« . Alors que les travailleurs sociaux sont formés à « l’expertise sur autrui », il s’agit d’accepter les regards des pairs, en créant des conditions favorisant l’émergence et la prise en compte de la parole de tous : professionnels, pairs et personnes concernées, afin de trouver un équilibre entre les différents types de compétences et de savoirs. Trois fiches exemples sont produites sur le sujet.
Plus « traditionnel », une autre pratique concerne la façon de fédérer une dynamique d’acteurs, à travers les réseaux, le partenariat et les interventions pluri-professionnelles. Cela suppose au préalable d’identifier un besoin précis. La pratique peut alors contribuer à « rompre la logique de silos, génératrice d’exclusions« . Néanmoins, « pour les travailleurs sociaux impliqués dans ce partenariat, le soutien de leur hiérarchie est fondamental, afin de leur permettre d’expérimenter, de se confronter librement et de retrouver du pouvoir d’agir« .
Enfin, la dernière pratique concerne le développement du pouvoir d’agir (Empowerment en anglais). Ce pouvoir d’agir concerne aussi bien les individus que les communautés. Contrairement aux thèmes précédents, sa pratique fait l’objet d’une approche et d’une méthodologie assez normalisée. Cinq fiches exemples – concernant notamment l’Eure, la Gironde, les Bouches-du-Rhône – montrent la diversité des champs d’application de cette approche.