RAPPORT ANNUEL DU SECOURS CATHOLIQUE
Le Secours Catholique-Caritas France a publié le 12 novembre son Rapport statistique annuel État de la pauvreté en France 2020 : des constats et analyses sur la précarité, issus de l’observation sur l’ensemble du territoire national de plus de 55 400 situations (sur les 1 393 000 personnes accueillies en 2019).
Le niveau de vie des ménages accueillis au Secours Catholique est de 537€ en médiane en 2019, soit 5€ de moins en euros constants par rapport à 2018. Même si la part de ménages percevant des revenus du travail augmente (54% en 2019, contre 46% en 2010), celle des ménages percevant des prestations sociales (notamment allocations familiales, APL et RSA) baisse fortement.
« Coup de projecteur sur le budget des ménages »
L’association a complété son étude d’une enquête approfondie sur le budget de 3000 ménages (les personnes sans ressources, notamment, ne sont pas prises en compte), pointant les privations quotidiennes et les arbitrages impossibles auxquels ils sont confrontés : chauffer le logement ou se nourrir, acheter un habit pour la rentrée ou payer la facture d’électricité. D’autant plus dans un contexte de crise sanitaire ayant mis à rude épreuve la capacité des ménages en situation de précarité à résister aux chocs des imprévus : il leur a fallu supporter les dépenses supplémentaires provoquées par le confinement (alimentation, énergie…), faire face à la disparition ou à la diminution de sources de revenus (temps partiel, petits boulots, travaux informels, voire mendicité), et maintenant, pour certains, affronter les plans de licenciement et les ruptures de contrat de travail, voire la perte de son logement.
Stagnation et insuffisance des revenus…
Le niveau de vie médian des ménages étudiés s’élève à 733 €, soit bien en dessous du seuil de pauvreté à 60 % (estimé pour 2019 à 1 074 €). Si la pauvreté est présente sur tout le territoire français, le niveau de vie est plus faible dans les grandes villes.
Et poids des dépenses pré-engagées…
Les dépenses pré-engagées représentent un poids considérable dans le budget des ménages en situation de précarité : elles absorbent plus de la moitié (56 %) de leurs ressources disponibles (contre 30 % du revenu disponible de l’ensemble des ménages de France métropolitaine, selon les dernières données disponibles qui datent de 2011). Le montant médian des dépenses pré-engagées s’élève à 604 € par mois : essentiellement des dépenses de logement (440 €) et des dépenses d’énergie et d’eau qui lui sont liées (103 €). Même si les prix des loyers sont restés relativement stables sur la dernière décennie, les prix de l’eau, et surtout de l’électricité et du gaz, ont fortement augmenté sur la période, alourdissant le poids du budget logement. Ce sont les ménages sans enfant, puis les familles monoparentales qui font face aux dépenses pré-engagées les plus élevées.
…entrainent des arbitrages impossibles et des privations
Plus de la moitié des ménages étudiés disposent d’un reste pour vivre inférieur à 9 € par jour et par unité de consommation (UC), or le Secours Catholique estime à environ 7 € par jour et par UC la dépense minimale d’alimentation des ménages les plus modestes. Plus de quatre ménages rencontrés sur dix sont même dans l’incapacité de couvrir leurs dépenses alimentaires quotidiennes, avec ce qu’il leur reste… Ces ménages sont alors souvent contraints de réaliser des arbitrages parfois impossibles, de s’endetter volontairement ou non, de se priver au quotidien ou de faire appel à l’aide des associations pour la couverture de leurs besoins de base. Les impayés, un des reflets des difficultés budgétaires, concernent près de la moitié des ménages rencontrés par le Secours Catholique en 2019 (48 %), avec une valeur médiane des impayés de 745 € (toutes dettes confondues). Parmi elles, 40% déclarent des impayés liés à la fourniture de gaz, d’électricité ou de combustible.