Depuis plus de 25 ans, Soliha 25, 21 & 90 propose aux propriétaires bourguignons un dispositif de pré-financement permettant de faire l’avance de la totalité des coûts des travaux, un moyen performant d’éviter aux ménages d’avancer les subventions tout en apportant des garanties aux entreprises qui réalisent les travaux.
La Région Bourgogne Franche-Comté présente des disparités importantes en matière d’habitat. Au nord, la tension du marché du logement est très forte du fait de la proximité avec la frontière Suisse et se cumule à des coûts de réhabilitation particulièrement élevés en raison d’une typologie d’habitat d’anciennes fermes et de grosses maisons. Le sud de la Région est lui plus rural avec des populations plus modestes, pour qui les coûts de réhabilitation, déduction faite des aides, laissent un reste à charge important.
Les délégataires des aides à la pierre (Dijon Métropole, Grand Besançon, le Conseil Départemental du Doubs, Pays de Montbéliard Agglomération) ainsi que le Conseil régional mènent une politique incitative ambitieuse en matière de rénovation énergétique, en apportant des aides complémentaires aux aides de droit commun sous condition d’exigence de performance énergétique. L’atteinte de ces objectifs ambitieux génère un surcoût de travaux d’environ 20% par rapport à la moyenne nationale. Si l’on ne peut que saluer l’engagement de ces collectivités pour la rénovation performante des logements, pour les propriétaires occupants modestes faire l’avance des subventions reste un frein majeur à la réalisation de travaux de qualité.
Partant de ce constat, Soliha 25, 21 & 90 a mis en place un dispositif de pré-financement qui permet d’avancer au propriétaire occupant l’intégralité du coût des travaux : seul le reste à charge est versé par le ménage à l’opérateur qu’il mandate pour percevoir les aides et régler les factures aux entreprises.
Un mécanisme rassurant pour les artisans
Concrètement, le propriétaire reçoit une visite préalable qui vise à faire des préconisations en termes de travaux et à bâtir un prévisionnel de financement. Le ménage choisit les entreprises et fait les demandes de devis dont la conformité est vérifiée par Soliha. Le ménage mandate ensuite Soliha pour le montage et la perception des demandes de subvention, et règle le reste à charge au démarrage des travaux (sur ses fonds propres ou sous forme de prêt). Dès réception des accords de subvention, Soliha émet les ordres de services aux entreprises puis règle les factures (acomptes et soldes). La longue expérience de l’association et son lien privilégié avec les artisans du territoire est très rassurante pour ces derniers.
Afin de limiter au maximum le reste à charge pour le ménage, un travail important de recherches de financement complémentaires est réalisé auprès de différents organismes (SACICAP, Fondation Abbé Pierre, fonds d’action sociale des CAF, de la CPAM, de la MDPH, caisses de retraite, mutuelles, etc.). Soliha a ainsi identifié plus de 45 partenaires financiers mobilisables sur son territoire.
Le coût du pré-financement supporté par le propriétaire s’élève à 3% du montant des travaux permettant de rémunérer les moyens humains à mobiliser, les taux d’intérêts et le coût de la garantie. Ce coût est pris en charge forfaitairement (de 600 € à 1200 €) par la Région Bourgogne Franche-Comté et en intégralité par la MDPH sur le territoire de Belfort, d’autres organismes pourraient à l’avenir apporter également leur soutien.
Un interlocuteur unique pour le ménage
A la différence d’une avance de subvention, comme le propose les SACICAP, l’avantage du dispositif de pré-financement est d’avoir un interlocuteur unique qui accompagne le ménage tout au long de son parcours travaux et l’aide à réduire au maximum son reste à charge. Cette démarche permet d’éviter les ruptures dans le parcours et le risque de découragement des ménages.
Public et volume du dispositif de pré-financement :
- Propriétaires occupants modestes et très modestes
- 250 à 300 dossiers par an
- Gain énergétique moyen de 42 %
- Environ 5 millions d’euros par an de pré-financement
- De 5 000 € à 75 000 € de travaux réalisés (20 000 € en moyenne)
- 1,5 à 2 millions d’euros de besoin en trésorerie
Un abondement nécessaire par les collectivités et l’État
Pour essaimer, Soliha 25, 21 & 90 partage son savoir-faire avec son réseau mais le mécanisme repose aujourd’hui en intégralité sur les ressources propres de la structure et les concours bancaires dont elle bénéficie. La montée en puissance du dispositif pourrait être fortement accélérée si les collectivités abondaient la caisse d’avance et que l’État proposait un taux garanti.
Pascal VALLADONT, Directeur Soliha Doubs, Côte-d’Or, Territoire de Belfort
Ce retour d’expérience est extrait du Focus précarité énergétique n°24 du RAPPEL : consulter l’intégralité de la publication.