« On nous conseille d’éteindre les lumières mais pas de remiser les 4x4. On culpabilise les individus mais pas les entreprises. »
BibliObs propose un entretien avec le sociologue Jean-Baptiste Comby, auteur de « La Question climatique. Genèse et dépolitisation d’un problème public » (éd. Raisons d’agir) qui analyse la montée en puissance de la question climatique dans les médias généralistes depuis la conférence de Kyoto (1997).
Après avoir étudié plus de 600 sujets télévisés consacrés aux enjeux climatiques, des campagnes de communications des agences publiques, des articles et documentaires…. le sociologue met en avant le fait que la question du climat occupe une place de plus en plus importante dans le débat médiatique au cours des années 2000. Il analyse notamment le discours médiatique employé qui, in fine, favoriserait une « morale de classe » :
- l’accent serait mis sur les conséquences de l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et beaucoup moins sur ses causes ;
- le discours médiatique serait plus axé sur la morale individuelle (incitant les citoyens à changer leurs comportements) que sur les décisions politiques et mécanismes économiques à l’origine des activités polluantes ;
- les ménages seraient responsables de 50% des émissions de gaz à effet de serre, or ce chiffre attribuerait aux ménages des émissions qui sont à la base le fait des entreprises et industries ;
- en parlant des « ménages » en général, le discours occulte les inégalités sociales car cela laisse entendre que tous les individus ont la même part de responsabilité. Or, un riche pollue généralement plus qu’un pauvre (d’après une étude de 2010, un ouvrier produit 5 tonnes de CO2 par an et un cadre 8,1) ;
- si les classes supérieures sont les plus disposées à faire valoir leur attitude « eco friendly », ce sont aussi elles qui tendent à polluer le plus.
« [D’où] l’agacement de plus en plus vif suscité par ces injonctions écocitoyennes : on nous vend comme une morale universelle ce qui n’est qu’une morale de classe. Dans mes entretiens, je constate que de nombreuses personnes, plutôt au sein des milieux populaires, démasquent intuitivement cette hypocrisie. »
…des éléments à réfléchir concernant le discours tenu auprès des ménages en précarité énergétique ?
Consulter l’entretien sur le site Bibliobs.