Analyse et interprétation des résultats 2019
Initiée par la plateforme de lutte contre la précarité énergétique et hydrique gérée par la Fondation Roi Baudoin, les baromètres de la précarité énergétique et hydrique en Belgique sont publiés chaque année afin d’objectiver les problématiques, leurs évolutions et d’en comprendre les causes.
La nouveauté de cette septième édition concerne les changements méthodologiques introduits dans la collecte des données de base de l’enquête SILC (Statistiques de l’Union européenne sur le revenu et les conditions de vie) ne permettant dès lors pas de faire des comparaisons avec les années antérieures ou des analyses de tendance.
On peut retenir de cette étude les enseignements suivants en matière de précarité énergétique :
- Plus d’un ménage sur cinq (20,7%) est en précarité énergétique en 2019 en Belgique et ce malgré un climat doux et une baisse importante du tarif payé par les ménages pour le gaz naturel ;
- Parmi ces ménages, 15,1% ont une facture énergétique trop lourde (ils consacrent 55 € de plus par mois à leurs factures d’énergie que l’ensemble des ménages) ;
- 4,2% ont une facture énergétique anormalement basse : ils consacrent en moyenne 79 € de moins que l’ensemble des ménages à leurs dépenses énergétiques. La notion de précarité énergétique cachée est utilisée en Belgique ;
- 3,6% craignent de ne pas être capables de chauffer correctement leur logement (précarité énergétique ressentie) ;
- Les ménages sont touchés différemment selon les régions : la Wallonie au climat plus froid avec des niveaux de revenus faibles enregistre le taux de précarité énergétique le plus élevé,
- Les femmes et les seniors sont plus touchés par la précarité énergétique ;
- Les locataires du parc social sont particulièrement vulnérables à la précarité énergétique (41% contre 31,6% pour les locataires du parc privé) en raison de revenus plus faibles, d’un parc social encore faiblement rénové et d’une sur-représentation de personnes isolées et de familles monoparentales, fortement exposées aux risques de pauvreté.
Concernant la précarité hydrique, 14,8 % des ménages belges souffrent de précarité hydrique avec des tendances similaires à celles constatées pour les ménages en précarité énergétique : des situations contrastées selon les régions, une sur-représentation des familles monoparentales (un tiers) et des personnes isolées (une personne sur cinq ainsi que des locataires du parc social (37,2% pour seulement 8,2% des propriétaires)).
Enfin, 9,4% des ménages belges cumulent les situations de précarité énergétique et hydrique.
En complément de cette analyse, la Fondation a publié des recommandations concernant la rénovation des logements sociaux et la lutte contre la précarité énergétique dans ce parc spécifique. A travers un état des lieux des initiatives de rénovation impliquant les locataires, complété par une trentaine d’entretiens avec des locataires et des gestionnaires de sociétés de logement social, l’objectif était de comprendre pourquoi et comment impliquer les locataires dans la rénovation.
Six recommandations ont été développées à l’issue de ce travail détaillées à travers 3 grandes mesures :
- Mettre en place des conditions facilitatrices de la rénovation participative des logements sociaux en créant des plateformes d’échanges et de collaboration entre les parties prenantes ;
- Accompagner les locataires de logements sociaux dans l’usage des bâtiments rénovés ;
- Assurer le financement des initiatives de rénovation participative et d’accompagnement à l’usage des logements rénovés ;
Chacune de ces mesure est illustrée par des retours d’expériences belges ou européens.