Associations et professionnels multiplient les appels à accélérer la rénovation énergétique

Publié le 27 avril 2022
Source : Banque des Territoires et Reporterre, Mars 2022


Protéger les ménages modestes de la crise énergétique

Les appels du monde associatif et des professionnels du bâtiment se sont multipliés ce dernier mois sur la question de rénovation énergétique, notamment au bénéfice des ménages modestes. Les conséquences de la hausse des coûts de l’énergie sur les ménages et la nécessité de rénover les passoires énergétiques, conjuguées aux séquences électorales (présidentielles et bientôt législatives), placent ce sujet au premier plan.

Le collectif Rénovons, dans un communiqué du 10 mars, déplore que « la campagne présidentielle [ait passé] sous silence la question fondamentale de la rénovation énergétique de notre parc de logement » alors même que l’investissement dans la rénovation énergétique générerait des retombées économiques « très importantes pour les ménages, les entreprises, et toute l’économie française en général. » Le collectif d’associations de lutte contre la précarité et d’acteurs économiques a rappelé que le « Bouclier Énergie” est la seule solution à terme pour protéger les Français d’une crise énergétique (augmentation de la demande, difficultés d’approvisionnements et hausse des prix) qui va avoir des répercussions pendant plusieurs années. Consulter le communiqué de presse « Un “Bouclier Énergie” pour Rénover l’économie française ! »

L’association Amorce avait publié le même jour un manifeste autour de 5 priorités et un corpus de 90 mesures « pour une transition écologique pragmatique », appelant notamment à diviser par deux le nombre de passoires thermiques d’ici la fin du prochain quinquennat. Consulter le manifeste « 5 priorités pour un quinquennat de transition écologique au plus près des territoires et des Français ».

Un autre collectif de neuf acteurs de la rénovation énergétique (composé notamment de la Fédération Française du Bâtiment, de l’Initiative Rénovons, du CLER ou encore du collectif Isolons la terre contre le CO2), ont adressé, le 30 mars, une lettre ouverte au Premier ministre intitulée « Rénovation, ne laissons pas les plus modestes payer le prix de la crise énergétique ! ». La lettre pointe les coups d’arrêt successifs liés aux certificats d’économie d’énergie : forte réduction de la prime « coupe de pouce » isolation et chauffage des CEE en juillet 2021, révision du « Coup de pouce » chauffage au 1er avril prochain, division par deux de la valorisation CEE pour l’isolation des murs à partir du 1er mai. « Les travaux d’isolation des combles et des planchers en rénovation chutent de 75% depuis trois mois » et qu’« une baisse similaire est anticipée pour les travaux d’isolation des murs d’ici quelques semaines ». Le collectif appelle le Gouvernement à accroître le volume d’obligation de la cinquième période des CEE à destination des ménages en précarité et rappelle l’importance «  d’assurer la stabilité du dispositif des CEE dont les modifications trop fréquentes ne créent pas les conditions nécessaires à un développement pérenne de la filière de la rénovation énergétique ». 

Plusieurs associations de lutte contre la pauvreté (Fondation Abbé Pierre, Réseau action climat, Stop exclusion énergétique, ATD Quart, etc.)  sont également montées au créneau début avril, dans un article de Reporterre, pointant l’insuffisance du chèque énergie notamment dans un contexte de hausse du coût de l’énergie. Les associations demandent en premier lieu l’augmentation du montant du chèque énergie à au moins 700 euros ainsi qu’un élargissement des bénéficiaires du chèque car aujourd’hui encore certaines personnes aux faibles ressources mais non assujettis à la taxe d’habitation ne sont pas éligibles au chèque ou sont juste au-dessus des plafonds d’éligibilité mais vivent dans des passoires thermiques. Les tarifs différenciés de l’électricité en fonction des revenus et l’interdiction des coupures d’électricité sont également avancés afin de protéger les ménages les plus en difficulté. Le bouclier tarifaire du Gouvernement est également jugé insuffisant, inéquitable et captant des financements publics (30 milliards d’euros) qui permettraient de financer la rénovation de logements de ménages modestes et, qui plus est, leur faire gagner en pouvoir d’achat grâce aux économies générées. Ainsi le collectif d’associations appelle à ce que pour les plus pauvres, le montant à payer pour des travaux de rénovation énergétique soit tout simplement de zéro euro : « Même quand cela ne représente que 10 % de la facture, cela reste trop lourd. Quand on est en grande précarité, on est à dix euros près. »

Enfin, plusieurs acteurs de la construction et de l’immobilier ont publié fin mars une « déclaration commune à l’attention des candidats à l’élection présidentielle » appelant à faire « de la politique du logement, de la rénovation et de la construction neuve une priorité d’action stratégique pour les années à venir »  et, entre autres, donner la possibilité aux « concitoyens, en particulier les plus démunis d’entre eux, de se loger dans les meilleures conditions, de confort, de sécurité et de santé ».

Lire l’article « La pression monte sur une accélération de la construction durable et de la rénovation énergétique »  de la Banque des Territoires.

Lire l’article « Prix de l’énergie : des ONG réclament des rénovations gratuites pour les pauvres » de Reporterre.