Qui sont les ménages qui en se chauffant à une température confortable dépensent en énergie un budget jugé excessif ? Qui vit dans le froid, du fait d’un logement « inchauffable », ou de restrictions permanentes ? Quels sont ceux qui subissent les coupures de compteur pour cause d’impayés ? Les portraits photographiques donnent à voir la diversité des traits de la précarité énergétique. Le ménage qui fait face à des factures trop lourdes, du fait d’un chauffage peu performant, est finalement le moins courant. Nombreux, en revanche, sont les propriétaires occupants de bâtis vétustes, qui n’ont pas les ressources pour mener des travaux de rénovation. Nombreux également les locataires dans des logements dégradés, que les propriétaires ne veulent pas améliorer. Cette précarité là, bien que focalisée sur la dépense énergétique, renvoie de fait à la question plus ancienne du mal logement. S’ajoutent à cela beaucoup de situations qui relèvent de la stricte précarité financière, dans des logements sains et normalement efficaces, donnant lieu à des pratiques de restriction drastique, aux impayés, voire aux coupures de gaz et d’électricité.
Le reportage photographique documente des conditions de vie marquées par des températures intérieures très basses, l’humidité et les moisissures qui s’infiltrent partout. La vie en continu dans le froid se donne à voir à travers des signes qui sautent aux yeux (chauffage d’appoint comme seule source de chaleur, moisissures sur les murs, appareils à l’arrêt) et d’autres plus impalpables (repli dans une seule pièce, pratiques adaptatives de la « vie à l’ancienne », cohésion familiale pour résister…). Ce projet est une plongée au cœur de l’expérience de la privation de chaleur et du confort thermique. Il veut éclairer cette question dérangeante : qu’est-ce qu’avoir froid chez soi, en France, au XXIème siècle ? Quelles en sont les raisons et les effets ? Se confronter aux intérieurs de ces ménages conduit à ce constat : le confort thermique est l’un des marqueurs centraux de notre mode de vie, dont les « précaires énergétiques » sont privés, du fait de situations financières trop contraintes. Entrer dans le foyer d’un précaire énergétique, c’est faire l’expérience très abrupte de conditions de vie « en résistance, contre le froid ».
Les photos ont été réalisées par Stéphanie Lacombe. Les textes d’analyse de Bruno Maresca (sociologue) sont accessibles sur demande à bruno.maresca@sciencespo.fr
Le projet est soutenu par la Fondation Abbé Pierre
L’exposition est disponible à la location.
Information : lacombe.stephanie@gmail.com ou bruno.maresca@sciencespo.fr
En savoir plus sur cette exposition photo :
- www.stephanielacombe.com
- Article accessible sur le blog de le club mediapart