Qui se cache derrière les données chiffrées de la précarité hydrique en Région de Bruxelles – capitale ? Notre société garantit-elle aujourd’hui un accès à l’eau et à l’assainissement en quantité et qualité suffisante pour tous ? Chacun peut-il boire, se laver, cuisiner, avoir accès aux sanitaires en fonction de ses besoins ?
Pour répondre à ces questions, le Centre d’Appui Social Energie de Bruxelles (CASE)*, grâce au soutien de la Fondation Roi Baudoin et de Bruxelles Environnement, est parti durant un an à la rencontre des « naufragés » du système, des personnes qui peuvent témoigner que « non, l’eau n’est pas accessible à tous ». On leur a demandé de raconter leur histoire, de décrire leur parcours, les conséquences sur leur quotidien, les leviers auxquels ils ont fait appel et le degré de succès de leurs démarches. Enfin, il leur a été proposé de relayer leurs recommandations, leurs idées pour améliorer le système d’accès à l’eau.
Ce travail de recherche poursuivait trois objectifs :
1. Au-delà des données quantitatives, recueillir le témoignage de personnes en situation de précarité hydrique pour améliorer les connaissances sur les causes, les conséquences et les stratégies mises en place pour y faire face ;
2. Produire un outil pédagogique sur la base des constats posés mis à disposition de l’ensemble des travailleurs sociaux ;
3. Produire des recommandations pour réduire et prévenir les risques de précarité hydrique.
L’apport premier du travail de recherche mené par le CASE « est probablement de rappeler par l’exemple que l’accès à l’eau est indispensable, que les chiffres secs ne peuvent suffire à décrire la détresse de ceux qui en sont privés ou pour qui il est mis en péril, que le droit à l’eau doit non seulement être défendu, mais aussi être renforcé. »
A cet égard, le parcours et les recommandations des ménages éclairent également sur le cap à tenir vers un droit effectif :
- Interdire les coupures qui ne font qu’aggraver des situations de précarité existantes et qui contribue à renforcer les mécanismes d’exclusion,
- Renforcer l’accessibilité des mesures sociales et des institutions qui les mettent en œuvre,
- Mener une politique tarifaire accessible tenant compte des capacités financières de chacun,
- Agir sur la qualité des logements et des installations,
- Soutenir les locataires qui veulent faire valoir leur droit,
- Revoir les procédures de recouvrement vers une meilleure prise en compte des situations individuelles (dont la capacité financière),
- Renforcer la collaboration et la communication entre les intervenants.
Cette recherche exploratoire propose également en conclusion, des perspectives de travaux de recherche qualitatifs de plus grande ampleur à mener, et notamment sur la définition de la notion de précarité hydrique et l’analyse des causes de non-recours aux droits et mesures sociales et les moyens d’y faire face.
En parallèle de la publication des résultats du travail de recherche, un cahier de portraits réalisé à partir des récits recueillis a été édité pour permettre à chacun de se rendre compte de la réalité complexe et multiple de la précarité hydrique.
Enfin, une exposition audio-visuelle intitulée « Accès à l’eau, un droit pour tous ? Paroles de naufragés » a été produite pour les institutions ou services intéressés. A travers 8 portraits, par le biais de photos artistiques, d’objets symboliques et de témoignages audio, l’exposition invite les visiteurs à découvrir quelques enjeux majeurs de la précarité hydrique : les compteurs individuels, le mode de tarification et de facturation, la procédure de coupure, les rapports entre bailleurs et locataires, l’accessibilité de la justice,….
Lire les conclusions de la recherche menée par le CASE :
Découvrir le cahier de portraits issus de l’exposition :
En savoir plus sur l’exposition « Accès à l’eau, un droit pour tous ? Paroles de naufragés » sur le site du CASE
Réserver l’exposition en contactant le CASE : socialenergie[at]fdss.be ou au 02 426 03 00
* Le Centre d’Appui SocialEnergie (CASE) est un projet de la Fédération des Services Sociaux. Le CASE soutient les travailleurs sociaux bruxellois (et autres acteurs de première ligne) sur toutes les questions relatives à l’énergie quelle qu’en soit la nature : sociale, administrative, juridique, comportementale ou autre. Dans ce cadre, le CASE offre différents services dont une permanence téléphonique, le site www.socialenergie.be, des formations gratuites et des accompagnements personnalisés.