Rencontre d'experts RAPPEL du 31 mai 2016
Tel était le sujet de la rencontre d’experts 2016 du réseau RAPPEL, à laquelle sont intervenus :
- Vincent Legrand, directeur de l’Institut Negawatt,
- Christian Mourougane, directeur général adjoint de l’Anah en charge des politiques d’intervention,
- Luc Schiffmann, Chef de service à la mission Habitat, Association Julienne Javel.
Fin 2010, l’Anah a développé le programme Habiter Mieux visant la rénovation thermique des logements occupés par des ménages modestes. Les objectifs fixés par ce programme visent à atteindre 25% d’économie d’énergie primaire après travaux. Ce programme a permis de rénover 150 000 logements depuis sa mise en place, permettant en moyenne des gains énergétiques de 40%. 90% des logements concernés étaient classés en étiquette E, F ou G avant travaux, et 48% sortent en étiquette D ou mieux après travaux (D étant la classe énergétique majoritaire après travaux, avec 31% des logements dans cette étiquette après travaux).
Les professionnels de l’énergie de leur côté militent pour faire de la rénovation performante en une seule étape la norme afin de ne pas tuer le gisement d’économies d’énergie. Pointant le risque d’une rénovation « par bout » ou par étape qui ne permettrait jamais d’aboutir à un bâti performant. « Même en rénovant dans le respect des minima de performance, une rénovation consistant à intervenir sur un module une année, puis sur un autre l’année suivante, conduit à dégrader la performance globale du bâtiment (car les interfaces ne seraient pas traitées de façon optimale), à augmenter les risques de pathologies dans le bâtiment, à renoncer à réguler correctement le chauffage (engendrant des surconsommations dégradant le bilan) et à accepter plusieurs fois les désagréments liés aux travaux (bruit, poussière) ainsi que l’augmentation du prix de la rénovation et des besoins en main d’œuvre » [1] . Ils recommandent l’atteinte du label BBC-rénovation chaque fois que possible, fixant à 80 kWhep/m².an la consommation d’énergie primaire dans le logement après travaux.
Sur le terrain, opérateurs de l’habitat, travailleurs sociaux peinent à boucler le financement des travaux pour les ménages modestes, le reste à charge étant souvent trop important au regard des moyens financiers mobilisables pour s’engager dans des travaux de rénovation ambitieux. Par ailleurs, les rénovations engagées avec des propriétaires occupants modestes impliquent souvent d’entreprendre également des travaux hors du champ de l’amélioration énergétique. La complexité d’accès aux mécanismes de financement pour les particuliers constitue également un frein majeur à la réalisation de travaux, et encore davantage chez les plus modestes qui ont parfois du mal à s’engager sur le long terme, à rassembler l’ensemble des pièces administratives, à se projeter dans une rénovation lourde…
Au-delà des problèmes de financement, les situations sociales et économiques de familles en grande difficulté peuvent également être un frein à la réalisation de travaux pour les artisans. Par ailleurs, les prix pratiqués par ces derniers posent également parfois question aux opérateurs chargés de l’accompagnement des ménages.
Cette rencontre d’experts propose de défricher le sujet et confronter les points de vue, pour fournir une grille de lecture la plus complète possible de la question en débat.
Sans chercher le consensus, il s’agit de présenter les arguments des uns et des autres, de les comprendre, de les discuter, d’en pointer les limites et les contraintes mais surtout les leviers à réunir pour permettre aux plus modestes de vivre dans des logements performants !
Lire le compte-rendu de la rencontre d’experts 2016 :
- Compte-rendu 7è rencontre d’experts
- 31 mai 2016
Supports PPT des intervenants :
- Présentation ANAH_Évaluation du programme Habiter Mieux
- Présentation Institut négaWatt
- Présentation association Julienne Javel