La Fondation Abbé-Pierre a publié cet été un rapport pour alerter sur les « bouilloires thermiques », ces logements mal isolés et mal ventilés qui peuvent avoir des impacts importants sur la santé de leurs occupants lors des vagues de chaleur. L’étude rappelle que plus de 5000 décès seraient attribuables à la chaleur durant l’été 2023 en France.
Des inégalités face à la précarité énergétique d’été
D’après le Médiateur de l’énergie, 55 % des Français déclarent avoir souffert de la chaleur dans leur logement en 2023 pendant au moins 24h. Un Français sur quatre souffrirait fréquemment de chaleur dans le logement pendant l’été. En cause : mauvaise isolation des murs, mauvaise ventilation, absence de protections solaires (dont volets), absence d’espace vert extérieur…
Les personnes vivant en appartement et dans les grandes villes sont les plus concernées par les problématiques de chaleur dans leur logement.
Le rapport met en avant les inégalités face à ce phénomène : les personnes habitant les logements les plus chauds sont les jeunes de moins de 25 ans (souvent dans des logements petits et mal isolés), les locataires et les ménages modestes (37% des ménages modestes déclarent avoir souffert de la chaleur dans leur logement contre 20% des plus aisés).
Explosion des climatiseurs
Dans un contexte d’intensification des événements caniculaires, les Français s’équipent de plus en plus en climatiseurs. Entre 2013 et 2020, le nombre d’installations de climatiseurs mobiles (moins chers à l’achat et plus faciles à installer) a triplé. Or ce type d’équipement n’est pas sans conséquences : augmentation de la facture d’électricité (selon EDF, l’usage de climatiseurs peut augmenter les factures de 15% à 25 % par mois pendant les mois d’été), accentuation des effets d’ilots de chaleur urbains, émission de gaz à effet de serre…
Les propositions de la Fondation Abbé Pierre
À ce jour, la définition légale de la précarité énergétique ne tient pas compte des problématiques de surchauffe des logements en été. La Fondation Abbé Pierre regrette que l’adaptation des logements à la chaleur soit absente de la définition d’une rénovation énergétique performante et globale.
La Fondation Abbé Pierre appelle l’État et les collectivités à se mobiliser pour agir contre la précarité énergétique d’été, et partage dans son rapport les propositions suivantes :
- Systématiser la prise en compte de l’habitabilité thermique et des ilots de chaleur urbain en été dans les projets de rénovation énergétique, et faire évoluer le système d’aides à la rénovation pour inclure plus largement les équipements et aménagements nécessaires pour y parvenir.
- Faciliter la réalisation des travaux
- Repenser les villes pour lutter contre les îlots de chaleur urbain
- Protéger les locataires victimes de surchauffe dans leur logement, en intégrant notamment la notion de confort d’été aux critères de décence des logements
- Aider les ménages à faire face aux surcoûts liés au refroidissement
À la suite de cette étude, le collectif Rénovons (animé par le réseau Cler) a soutenu ces constats et a demandé aux pouvoirs publics d’adopter une loi de programmation de la rénovation performante des bâtiments et des quartiers, intégrant pleinement les critères de l’habitabilité d’été des logements (voir ici le communiqué de presse de Rénovons).
Consultez l’étude dans son intégralité :
Pour en savoir plus :
- « Logements bouilloires : le degré zéro de l’action publique« , Fondation Abbé Pierre, Août 2024