Freins et motivations des propriétaires-bailleurs pour les travaux

Publié le 25 février 2020
Source : Maxime Chodorge, Erwan Lefay, Mélanie Sène, Juin 2020


Le rapport intitulé « Louer en confiance », paru en juin 2019, déplore une méconnaissance de ce qui caractérise et motive les bailleurs privés. Partageant ce constat, le réseau ANIL /ADIL a engagé, courant 2019, une démarche destinée à mieux connaitre le comportement des bailleurs privés et, plus particulièrement, les différentes raisons qui les encouragent ou les empêchent, d’entreprendre la rénovation de leurs logements mis en location.

Pour ce faire, une enquête a été réalisée auprès notamment de propriétaires consultant une ADIL, son site internet ou celui de l’ANIL. Réalisée de fin janvier à mi-mai 2020, 2 155 bailleurs y ont participé. La présente étude s’inscrit dans la continuité des premiers résultats publiés en juin 2020, elle les consolide et propose de catégoriser les bailleurs de manière représentative.

Les principaux enseignements de cette étude :

1. Concernant les travaux réalisés :

  • Moins de propriétaires bailleurs ont réalisé des travaux pouvant s’avérer plus complexes, si ce n’est pour les travaux de mise aux normes, qui relèvent d’obligations réglementaires notamment quant à la fourniture d’un logement décent ;
  • Si 39% des propriétaires s’appuient sur un artisan de confiance pour définir les travaux à effectuer, seulement 7% d’entre-eux consultent un expert (architecte, assistant à maitrise d’ouvrage, Espace FAIRE…). On note d’autre part que 12% des bailleurs déterminent le choix des travaux en réponse aux demandes des locataires ;
  • La majorité des bailleurs (42%) entreprennent les travaux lors d’un changement de locataire ou avant la première mise en location (32%) ;
  • Pour mettre en œuvre les travaux, près de la moitié des bailleurs ont recours aux professionnels et/ou réalisent une partie des travaux eux-mêmes (38%). 47% des bailleurs restent peu enclins à donner la possibilité au locataire d’auto-réaliser les travaux dans le logement

2. Concernant les motivations et les freins à la réalisation de travaux :

  • La moitié des enquêtés mettent en avant l’amélioration du confort dans le logement (45%) et la sécurisation du revenu locatif (44%) comme motivation principale dans la réalisation des travaux. Le respect des normes et des réglementations est également un effet levier important pour 30% d’entre-eux ;
  • Sans surprise, les préoccupations pécuniaires (financement des travaux) sont les principaux freins à la rénovation (pour 43% des bailleurs), à quoi s’ajoute l’inquiétude liée au retour sur investissement. La présence du locataire dans le logement, ou la difficulté dans la recherche d’artisans constituent également des freins exprimés.

3. Concernant le financement des travaux :

  • L’épargne constitue la principale source de financement des travaux réalisés par les bailleurs (65%) et/ou dans une moindre mesure par l’emprunt (23%). Si seulement 6% ont fait appel à des subventions, celles-ci ont été déterminantes dans la décision de réaliser des travaux (81%) ;
  • Seulement un tiers des bailleurs connaissent les aides financières aux travaux et 61% n’en connaissent aucune.

4. Les profils de bailleurs :

Le positionnement des bailleurs en matière de travaux s’avérant contrasté, des profils types ont été établis pour étudier la diversité des postures adoptées par les bailleurs face aux travaux. 12 profils de bailleurs, regroupés en trois catégories, en résultent :

  • Les bailleurs plutôt actifs dans la conduite de travaux et ayant effectué des travaux de tous types (chauffage, isolation, modernisation…) : ils ont une expertise dans leur rôle de propriétaires bailleurs avec plusieurs biens en gestion et ont acquis ce statut depuis longtemps (plus de 15 ans). Ce sont plutôt des bailleurs retraités et représentent 46 % des bailleurs interrogés.
  • Les bailleurs « moins » actifs dans la conduite de travaux (26%). Ils ne gèrent généralement qu’un seul bien. Ils ne connaissent pas forcément les aides financières dédiées aux travaux bien qu’ils soient propriétaires bailleurs depuis assez longtemps. Ce sont plutôt des bailleurs d’âge moyen (40 à 59 ans) en activité professionnelle.
  • Les bailleurs aux profils plus « particuliers » (28%). Ils ont des expériences différentes dans cette fonction mais sont généralement dans une logique d’investissement locatif.

Freins et motivations des propriétaires-bailleurs pour les travaux

Maxime Chodorge, Erwan Lefay, Mélanie Sène, ANIL, Février 2021