La précarité énergétique

Dernier ajout : 1er juillet 2019.

Qu’est que la précarité énergétique ?

Inspiré du travail mené par les Britanniques depuis 20 ans, le concept de précarité énergétique a émergé lentement en France. La précarité énergétique peut se définir comme la difficulté, voire l’incapacité à pouvoir chauffer correctement son logement, et ceci à un coût acceptable. Sous cette définition relativement simple, se cachent des réalités très différentes, liées à des causes multiples.

Le groupe de travail Pelletier dont le rapport a été rendu le 15 décembre 2009 au gouvernement, a proposé la définition suivante, plus complète : "Est en situation de précarité énergétique au titre de la présente loi une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat." Cette définition a été retenue et inscrite dans la loi Besson du 31 mai 1990.

La précarité énergétique constitue une forme de « double peine » : les 20 % de ménages les plus pauvres consacrent à l’énergie une part de budget 2,5 fois plus élevée que les 20 % les plus riches (source ADEME).
En cause, l’état des logements dont la performance thermique est généralement mauvaise, voire exécrable. Les équipements de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire, souvent vétustes, participent également à gonfler la facture énergétique des plus pauvres, surtout dans le parc privé.
Les impayés d’énergie, en constante augmentation, ne sont que la partie émergée de l’iceberg : les diagnostics effectués au domicile des ménages en difficulté révèlent souvent que les ménages pauvres se privent pour ne pas générer de trop grosses factures.

Les conséquences de la précarité énergétique sont donc multiples :

- Conséquences financières :
Les difficultés de paiement des factures entraînent :

  • L’utilisation d’autres budgets dédiés à des besoins tout aussi importants comme le logement, l’alimentation, l’éducation, etc…
  • L’instauration de mécanismes de restriction, voire de privation entraînant d’autres conséquences.
  • Le recours aux aides, avec son caractère humiliant et autres travers des mécanismes d’assistance.
  • L’endettement avec l’appel à l’emprunt ou l’étalement des dettes.

- Conséquences techniques :
Les restrictions de chauffage ont des conséquences sur le logement :

  • un logement mal chauffé sera humide (le froid intervenant essentiellement sur l’environnement en diminuant la capacité de l’air à contenir de l’humidité)
  • un logement mal aéré sera humide et malsain
  • un logement humide :
    • se détériorera
    • permettra le développement de moisissures
    • deviendra propice à l’insalubrité.

- Conséquences sanitaires et sociales :
Un logement dégradé ou inconfortable entraîne des conséquences sociales :

  • sentiment d’injustice
  • vie sociale difficile
  • activités statiques difficiles (ex : les devoirs)
  • difficultés à être propre.
  • dégradation des relations avec le bailleur / avec les fournisseurs d’énergie

- Conséquences sur la santé au sens large :
Une ambiance froide engendre un certain nombre de phénomènes :

  • De la fatigue : pour maintenir sa température interne, le corps doit compenser ses déperditions
  • Le froid favorise des réactions vasomotrices, éternuement, goutte au nez, pouvant déclencher la transmission de pathogènes.
  • Des liens de causalité ont été démontrés pour un certain nombre de pathologies chroniques (bronchites chroniques, arthrose, anxiété et dépression, maux de têtes) et aigües (rhumes et angines, grippe ou gastroentérites), mais aussi des symptômes tels que sifflements respiratoires, crises d’asthme, rhumes des foins, rhinorrhées (nez qui coule) ou irritations oculaires.

- Conséquences pour la sécurité des ménages : :
L’utilisation de poêles à pétrole ou de poêle à gaz peut être à l’origine :

  • d’incendies
  • d’intoxications au monoxyde de carbone

- Conséquences environnementales : :
La précarité énergétique, et plus globalement tous les logements dont la performance énergétique est faible, engendrent :

  • un fort gaspillage d’énergie
  • des émissions de CO2

En France, 5,6 millions de ménages sont en situation de précarité énergétique, ce qui représente 12 millions de personnes*. Un nombre appelé à croître de manière aussi constante et soutenue que le prix des énergies, tant qu’aucun plan national d’envergure ne sera mis en place pour endiguer ce phénomène qui, à l’échelle individuelle comme à l’échelle de la société, s’aggrave assurément s’il n’est pas traité.

* Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), 2016